Parmi les dernières propositions qui s’inscrivent dans le cadre du “Green Deal” de l’UE figure une idée intéressante de passeport numérique pour les produits, qui s’inscrit dans le cadre d’une initiative plus large visant à accroître la durabilité des produits par le biais d’un règlement sur l’écoconception des produits durables (ou ESPR).
Plan européen Green Deal
L’Union européenne a annoncé, en mars, un nouveau paquet de propositions politiques axées sur le développement durable qui étendront les règles d’écoconception existantes en matière d’efficacité énergétique en encourageant l’allongement de la durée de vie des produits. Le plan global de l’Union européenne en matière d’écoconception a pour objectif déclaré de rendre la région “neutre sur le plan climatique” d’ici à 2050.
Cette mission se traduit par l’absence d’émissions nettes de gaz à effet de serre dans un délai d’un peu moins de trois décennies, tout en dissociant la croissance économique de l’UE de l’utilisation des ressources, c’est-à-dire en passant à une économie circulaire dans laquelle les produits sont conçus pour durer plus longtemps et pour être faciles à démonter en vue de leur réutilisation ou de leur recyclage à la fin de leur vie.
La Commission prévoit également de créer des “opportunités économiques pour l’innovation et la création d’emplois”, en particulier dans des domaines tels que la refabrication, l’entretien, le recyclage et la réparation. Les jeunes pousses européennes de demain pourraient donc être actives dans des domaines tels que la gestion plus intelligente des déchets et l’upcycling.
Parmi les dernières propositions qui s’inscrivent dans le cadre du “Green Deal” de l’UE figure une idée intéressante de passeport numérique pour les produits, qui s’inscrit dans le cadre d’une initiative plus large visant à accroître la durabilité des produits par le biais d’un règlement sur l’écoconception des produits durables (ou ESPR). Ce dernier fixe de nouvelles exigences pour “rendre les produits plus durables, plus fiables, plus réutilisables, plus évolutifs, plus réparables, plus faciles à entretenir, à remettre à neuf et à recycler, et plus économes en énergie et en ressources” ; et il semble prêt à s’appliquer à tous les produits.
Passeports numériques pour les produits de l’Union européenne
Une autre partie du plan de l’UE pour la révision des règles d’écoconception comprend une proposition visant à introduire des passeports numériques de produits pour stocker des données clés afin d’améliorer la traçabilité des produits et de soutenir la réparation/le recyclage, etc. en normalisant les informations que les fabricants de produits doivent fournir.
La Commission souhaite également que ces passeports permettent aux consommateurs de disposer d’informations sur les incidences environnementales afin d’éclairer leurs décisions d’achat. Il pourrait s’agir d’informations sur la consommation d’énergie, mais aussi d’un score de réparabilité, grâce aux nouveaux étiquetages énergétiques de l’UE pour les produits concernés.
“Les exigences en matière d’informations spécifiques aux produits permettront aux consommateurs de connaître les incidences environnementales de leurs achats”, indique la Commission à propos du projet de passeport numérique pour les produits. “Tous les produits réglementés seront dotés d’un passeport numérique de produit.
“Les passeports numériques de produits seront déployés pour tous les produits réglementés”, écrit la Commission. Le fonctionnement exact de ce passeport n’est pas clair, mais on peut supposer qu’un code QR pourrait être fixé sur chaque produit afin qu’il soit scanné pour afficher les données de durabilité qui y sont associées.
L’Union européenne envisage également que ce système de “métadonnées” normalisé puisse créer d’autres possibilités de partage de données, qui pourraient même déboucher sur d’autres types d’opportunités commerciales. La structuration des informations sur la durabilité environnementale des produits et leur transmission au moyen de passeports numériques aideront les entreprises tout au long de la chaîne de valeur, qu’il s’agisse des fabricants, des importateurs, des distributeurs ou des revendeurs.
“Cela permettra également de suivre la présence de substances préoccupantes tout au long du cycle de vie des matériaux et des produits, conformément aux engagements pris dans le cadre de la stratégie sur les produits chimiques pour le développement durable, et de contribuer à l’objectif de l’UE de parvenir à une pollution zéro. Les passeports numériques de produits peuvent également permettre aux consommateurs de faire des choix plus éclairés, améliorer la transparence pour les organisations d’intérêt public et aider les autorités nationales dans leur travail d’application et de surveillance.”
Blockchain : le seul outil qui réponde au passeport numérique de produit de l’UE?
Pour tirer pleinement parti d’une innovation, il faut penser différemment. C’est ce à quoi nous invite la technologie blockchain. En quelques mots, il s’agit d’une nouvelle façon de stocker des informations, de les conserver sans les modifier, d’y accéder et d’intégrer de nouvelles informations qui deviennent infalsifiables. Ces nouvelles données peuvent résulter de l’exécution d’une opération, d’une transaction ou de l’exécution “automatique” d’un programme informatique (Smart Contract).
Elles sont enregistrées sur l’équivalent d’un vaste registre ” distribué “, c’est-à-dire partagé sur les ordinateurs de tous les membres du réseau, un système qui permet la transparence et l’auditabilité. Dans une telle architecture, les questions de contrôle et de sécurité sont radicalement modifiées.
La blockchain est un système de stockage d'informations transactionnelles sous forme de blocs numériques. Le nom vient du fait que les blocs contiennent trois éléments clés : des enregistrements horodatés des transactions valides, un "hachage" ou une empreinte numérique du bloc et un hachage du bloc précédent. De cette manière, chaque bloc est lié ou enchaîné au bloc précédent, formant ainsi une "chaîne de blocs".
Grâce au système de registre décentralisé de la blockchain, les particuliers et les entreprises peuvent être sûrs que les informations contenues dans la blockchain sont vérifiables et immuables.
On peut imaginer l’ampleur des changements que promet une telle innovation. Techniquement, elle pourrait offrir une solution aux faiblesses des systèmes centralisés. Sur le plan économique, elle devrait permettre d’augmenter la productivité en limitant les intermédiaires et en automatisant les transactions. Sur le plan institutionnel, elle est une réponse à la défiance envers les institutions politiques et économiques, avec à la clé une fluidification des relations économiques et sociales. La blockchain est donc une technologie promise à un bel avenir. Dans la grande variété des usages envisagés, deux grandes catégories se distinguent :
- Les applications de type notarial liées à la tenue d’un registre qui a vocation à être partagé. La blockchain pourrait changer la façon dont les transactions sont contrôlées, la façon dont les biens sont transférés et échangés entre les personnes, et au-delà la certification des processus industriels ou financiers. On s’attend notamment à ce qu’elle soit utilisée dans la traçabilité des produits alimentaires ; elle pourrait aussi donner naissance à des systèmes de vote en ligne sécurisés ou à l’identification numérique des individus.
- Les applications couplant la dimension transactionnelle au monde physique, ce que l’on appelle l'”internet de la valeur“. Une transaction peut être déclenchée par une intervention directe ou par l’exécution d’un programme informatique qui peut inclure des conditions ou des vérifications spécifiques, par exemple sur la date ou sur la base d’informations provenant du monde physique. Avec de tels “contrats intelligents”, les blockchains ouvrent l’ère des transactions programmables, sans l’intervention d’un tiers de confiance. Ces applications visent à créer de la confiance là où elle fait défaut ou à remplacer des mécanismes de confiance centraliséss.
Blockchain : enjeux économiques et commerciaux
La logistique, première candidate ? Registre mémorisant toutes les opérations effectuées sans possibilité de falsification, la blockchain s’avère être un outil révolutionnaire dans la logistique. L’ensemble du cycle de vie d’un produit peut ainsi être certifié. L’objectif est double : non seulement elle permet la transparence de la chaîne d’approvisionnement vis-à-vis des consommateurs, mais elle sécurise également ces chaînes d’approvisionnement contre les dysfonctionnements opérationnels ou les différentes formes de commerce illicite. Plusieurs pilotes sont actuellement en cours de déploiement. Cette traçabilité des chaînes d’approvisionnement, du fabricant au consommateur, intéresse en premier lieu l’industrie alimentaire (origine contrôlée, respect de la chaîne du froid, etc.), mais aussi l’industrie du luxe et l’industrie pharmaceutique (lutte contre la contrefaçon).
Transparence et confidentialité. Les blockchains publiques permettent la traçabilité de toutes les opérations effectuées, de manière transparente. Cette caractéristique va à l’encontre du secret des affaires. Le registre étant distribué, les informations qu’il contient en clair sont accessibles aux parties prenantes. C’est un avantage pour assurer la traçabilité des transactions, mais un défaut rédhibitoire si des informations relevant du secret des affaires sont délivrées de cette manière, par exemple en matière de finance ou de santé.
Conclusion
Au-delà de ces objectifs de productivité, les blockchains sont susceptibles de répondre au problème de la défiance dans nos sociétés, qui est non seulement très coûteuse dans une économie de marché, mais aussi politiquement et socialement dangereuse. Les consommateurs et les citoyens sont confrontés en permanence à des problèmes de contrefaçon, d’insécurité alimentaire, d’obsolescence programmée ou de services clients inaccessibles, de médicaments contrefaits, de pratiques financières délictueuses.